L’automne 2024 a vu naître le projet binational Archaeobark, une collaboration entre la Haute école des arts de Berne, l’Université de Leipzig et le Leibniz-Zentrum für Archäologie de Mayence, en partenariat avec le Service archéologique du canton de Berne. Le projet a pour objectif l’identification, l’interprétation et la conservation de récipients en écorce datant de la préhistoire.
Le Service archéologique (SAB) possède une précieuse collection de récipients cylindriques fabriqués en écorce de tilleul et provenant des sites lacustres néolithiques du lac de Bienne. En outre, il a mis au jour ces dernières décennies des objets uniques faits de différents types d’écorce, découverts en raison de la fonte des glaces dans les Alpes. Ces trouvailles sont des témoins importants de l’utilisation des matériaux issus de plantes à l’époque préhistorique. Car, bien que l’âge de la pierre, l’Âge du Bronze et l’Âge du Fer portent des noms de minéraux, les matériaux organiques tels que le bois, l’écorce et les fibres végétales ont joué un rôle central dans la vie quotidienne de ces époques.
L’écorce interne et externe du saule, du chêne, du bouleau, du peuplier et surtout du tilleul était utilisée pour la fabrication d’objets du quotidien. En raison du caractère éphémère des matériaux végétaux, les objets fabriqués et utilisés il y a plusieurs millénaires ont été conservés uniquement dans des conditions particulières, par exemple dans l’eau ou dans la glace.
L’étude des rares restes organiques donne toutefois une importante clé de compréhension de nos ancêtres et de leur culture. Ces objets témoignent des connaissances très développées de nos ancêtres concernant les propriétés mécaniques et physiques des plantes ainsi que la technologie complexe utilisée pour les manipuler.
Le projet financé par le Fonds national suisse et la communauté de recherche allemande rassemble des restauratrices-conservatrices (SAB), des chercheuses en conservation (Haute école des arts de Berne et Leibniz-Zentrum für Archäologie), des dendrologues (office des monuments historique de Bade-Wurtemberg) et des archéologues (office de l’archéologie de Saxe et Université de Leipzig). L’objectif est d’étudier différentes méthodes de conservation pour optimiser les procédures habituelles et ainsi garantir la préservation à long terme de ces objets fragiles.
Par ailleurs, l’idée est de développer une méthode qui permette aux restauratrices et aux archéologues d’identifier l’espèce d’arbre dont est tiré l’écorce de ces objets en utilisant les outils les plus simples possible. Enfin, le projet est l’occasion d’analyser, d’interpréter et de comparer des récipients en écorce très anciens trouvés dans un puits du Néolithique datant du 6e millénaire avant J.-C. ainsi que d’autres récipients cylindriques issus du début du Néolithique et de l’Âge du Bronze trouvés en Saxe et sur les sites lacustres circum-alpins dans le canton de Berne et dans le Bade-Wurtemberg.


Détail du récipient en écorce une fois mis au jour : trous de couture et restes de matériaux de couture. La répartition des trous en escalier permet d’éviter le déchirement de l’écorce lors de la couture. Grâce à ces trous, il a été possible de reconstituer le fil de la fabrication et le type de couture utilisé sur cet objet.